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Caractéristiques :
Longueur : 20 m
Largeur : 5,4 m
Tirant d'eau: 1,0 m Voilure : 200 m ²
Moteur : 150 CV Déplacement en charge : 35 tonnes
Ce nouveau projet, comme le précédent " Metapassion " a été dessiné avec
les mêmes critères. Antarctic est une simple et solide coque
en Strongall, technique utilisant l'aluminium de forte épaisseur.
Le rêve d'une coque de vingt mètres est devenu réalité.
En moins d'un mois, notre nouvelle maison flottante et bien élargie
a pris forme. Lors du découpage et de la préparation des tôles,
rien de bien spectaculaire si ce n'est le retournement répétés
des bordés de vingt mètres d'aluminium. Bien que la surface soit
sans ride, tirer des bords de vingt mètres avec une scie circulaire
ne ressemble en rien à une plaisante navigation.
Sur le sol, les cinq tôles de la coque formaient une pile de seulement
6,3 cm de haut, vingt mètres de long et deux de large. Lorsque les mains
expertes des équipiers de Meta, les ont assemblés en quatre jours
pour former le "navire" c'était tout simplement magique!
Le savoir-faire et la technique du Strongall accumulée par le chantier
depuis trente ans donne des résultats spectaculaires.
La maîtrise des compagnons du chantier sur le matériau, l'aluminium,
n'a rien en envier à celle des chantiers traditionnels qui utilisent
le bois.
Dans de telles longueurs et épaisseurs d'aluminium, le grain et la couleur
varient nettement en fonction de la provenance. Chaque tôle possède également
une courbure originelle née de son laminage. Ainsi, on peut ressentir
la "personnalité" de chaque pièce.
L'aluminium épais résiste puis obéit à la volonté des
hommes, il s'enrichit de leur expertise et devient noble. Un peu comme un célèbre
et énorme tas de ferraille qui lui, est devenu Tour Eiffel.
L'ensemble du bateau n'est que pointé par soudure mais quelques barrots
de pont sont posés. Les partitions des réservoirs de fonds montent.
L'aileron protecteur de l'hélice et le puits de dérive attendent
sur la touche, prêts à prendre leur place. Et ceci en seulement
trois petites semaines de trente cinq heures n'employant à plein temps
sur cette coque que Patrice, le maestro contremaître et Georges, son
assistant débutant, émigré fraîchement (c'est l'hiver
là-bas) d'Australie. Les autres compagnons travaillent eux tout aussi
magistralement sur trois autres coques de moindre taille, de quatorze, douze
et dix mètres.
La rapidité de construction dépasse, c'est certain, mes espérances
personnelles. L'enthousiasme, la gentillesse et la diligence de tous les participants
au projet ont créé une bienveillante atmosphère. La patience
de Michel Joubert et Bernard Nivelt, malgré leurs engagements et notre
budget "design" dérisoire, a été d'une exceptionnelle
indulgence.
L'hospitalité et l'aide de Joseph Fricaud, sans parler de la qualité de
Meta, est telle que je suis effrayé rétrospectivement, au vu
des difficultés et coûts d'un tel projet, d'avoir pensé à construire
ailleurs. Joseph a une solution simple et économique à tous les
problèmes, et surtout il adore se battre contre l'impossible. Sa supériorité d'âge,
dix ans, et son aimable protection procurent au fragile saltimbanque que je
pourrait être une sécurité inespérée.
L'entrée passionnée et presque inespérée de Volvo
Penta dans notre projet ressemble aussi à un mariage. Coup de foudre
ou de raison? Les deux? Les époux viennent d'horizons différents
mais sont prêts à naviguer pour le meilleur et le pire ensemble.
Un moteur fiable et puissant est l'une des clés incontournables de notre
projet. Volvo Penta France S.A. veut bien embarquer avec nous, confiant en
notre bonne étoile. Comme d'habitude nous ferons tout pour qu'ils ne
regrettent pas le voyage. Aucun banc d'essai ne peut recréer les diverses
contraintes d'un bateau sur les vagues. Entre nos mains, notre nouveau bateau
a toutes les chances de ne pas rester au port, son baptême de mer sera
un demi tour du monde. Notre programme actuel, embarquer des équipiers
en Tasmanie à destination de l'Antarctique et autres voyages autour
de l'Australie, s'élargira très certainement. La porte est ouverte
aux projets extérieurs, reportages, scientifiques… ou même humanitaires
car notre bateau partira de France avec des aménagements minimum.
Notre passé, le choix de notre route, la persévérance
et notre optimisme terriblement contagieux nous ont permis de franchir des
millions de vagues. La chance: "aide-toi le ciel t'aidera" a fait
de longs séjours à nos côtés et semble maintenant
faire partie de l'équipage.
Il n'y a que la foi qui sauve, il faut croire aux miracles. Maintenant que
le bateau existe, je peux oublier le fantôme de l'échec total,
faire face à mon entourage, ne plus baisser les yeux pour répondre à leurs
interrogations amusées et incrédules. Il n'y a plus qu'à se
battre vaillamment armé d'une solide énergie. Je ne suis plus
tout seul.
Lorsque les lignes du bateau ont été couchées sur le papier, j'ai été étonné que certains de mes amis en Australie, personnes mûres réputées sensées me proposent si besoin était, de participer financièrement au projet. Offres que j'ai aussi gentiment que possible déclinées au nom de l' indépendance sacrée, par peur d'entraîner des innocents dans les risques de mes aventures personnelles et pour éviter un éclatement d'un incontrôlable budget. De nos aventures passées nous avons appris à vivre avec rien, coucher n'importe où et manger ce qu'il y a, ce qui n'est peut être pas pour tout le monde.
J'écris ces lignes de très bon matin depuis
ma voiture, une 405 Peugeot break qui me sert de résidence .
Ne me plaignez surtout pas, le paysage alentour est superbe. Nous sommes
sur l'un des nombreux sommets des monts du Forez au-dessus de la ville de Tarare,
où je vais aller rejoindre l'usine Meta à sept heures et demie
pour une journée de labeur. Les lumières s'éteignent et
le ciel blanchi, nuages bordés d'or, vaches dans le pré à côté…
ce n'est pas la Patagonie mais cet hiver, il se pourrait bien que ces crêtes
y ressemblent…
En bas, au bord de la route nationale N° 7, dans un univers de tôles
brillantes, une scie circulaire portative de belle taille m'attend pour hurler à l'unisson
avec les rabots électriques et les meuleuses de mes voisins. Dans la
chaleur de l'après midi, les gouttes de sueur tombent sur les verres
des lunettes protectrices et gênent la vision. A cause de la température élevée également,
je ne peux garder une chemise et les petits copeaux brûlants d'aluminium
laissent quelques marques sur les avants bras et dans le cou. Mais c'est le
bonheur quand même car chaque tôle s'ajoute au bateau. J e sens
en moi comme une longue et lente marée qui continuera de monter jusqu'à la
fin de l'année puis m'emportera avec mon bateau au loin sur les vagues
chéries.
Mes compagnons travaillent ici depuis longtemps. La plupart d'entre eux étaient
là il y a dix ans lorsque nous construisions Metapassion. Un véritable
esprit d'entraide fait loi dans l'atelier. Personne ne se fait attendre pour
donner la main. Le niveau sonore est insoutenable et nous portons tous des
protecteurs contre le bruit en permanence. Aussi chacun est attentif aux autres.
Un regard chaleureux mieux que des paroles remercie l'aide spontanée.
Malgré l'environnement, il fait bon travailler dans cette équipe
soudée dans son isolement et sécurisée par l'attention
mutuelle.
Mon rêve incertain se réalise grâce à la généreuse
adresse de leurs bras. Sans le savoir, ils créent une âme à mon
bateau que je ne pourrais oublier.
Villefranche sur Saone
Possible
de voir autres photos mise à l'eau sur
http://www.quartet.fr/antartic/antartic.html
Les amis de Claire en visite à Albigny sur Saone
Grau du Roi, Septembre 2003
Gibraltar, octobre 2003
Hobart Juin 2004 avec Periple 50 de Jacques Peignon
Sydney, Octobre 2005
Fin d'Antarctic's Saga, Vendu à Auckland, en Nouvelle Zélande Novembre 2005
Matthieu Marion et Georges